livre de pierre

Bientôt nous foulerons le pavé luisant des places. Nous nous mêlerons aux foules, nous nous laisserons porter par la lenteur des chalands. Nous pesterons contre cette petite pluie glaciale qui parfois enlaidit les jours d’hiver. Ou alors nous verrons notre haleine monter en volutes vers le ciel bleu pâle. Nous subirons les assauts sonores des haut-parleurs disséminés aux coins des rues, il parait que c’est bon pour l’AMBIANCE. Ambiance. Elle est à fuir, cette ambiance. Je déteste les marchés de noël, cette mode qu’on subit à présent dans chaque ville grande ou petite, où on voit s’édifier sur les places des alignements de cabanes en bois qui servent de boutiques annexes aux commerçants locaux. Inutile d’y chercher des figurines en pain d’épice d’Alsace, inutile d’y chercher le moindre objet original. On ne trouvera que ce qu’on trouve déjà dans les magasins. Elle est à fuir cette ambiance de fausse joie dépensière sur fond des sempiternels chants de noël crachouillés par les haut-parleurs embusqués au coin des rues. Elle est à fuir l’odeur écoeurante du vin chaud aux relents de cannelle, des frites, et des oignons brûlés. Elle est à fuir, cette ambiance, et pourtant bientôt nous foulerons le pavé luisant des places, devant le palais de justice, devant l’hôtel de ville, autour de Notre-Dame. Parce que malgré tout tu diras qu’on ne trouve jamais rien mais tu voudras aller voir quand même, au cas où, on ne sait jamais. Et je te dirai alors allons voir vers Notre-Dame. Oui c’est cela, je te suivrai, nous irons voir les baraques de bois du marché de noël, près de Notre-Dame, et je ne dissimulerai pas mon plaisir, en fait, mais non pas celui de jouer les badauds, de me dandiner lourdement d’un stand à l’autre comme chacun le fait. Non. J’aurai le plaisir d’admirer une nouvelle fois, même fugitivement, le magnifique livre de pierre qui s’ouvre sur la façade de l’église. Mon regard captera en désordre une scène de la vie de Jésus, une allégorie biblique, un saint décapité que je ne saurai pas identifier (je ne reconnais que Pierre, celui qui est pourvu d’un jeu de clés), ou alors il dénichera les figures fabuleuses disséminées un peu partout, il en découvrira peut-être qu’il n’aurait jamais remarquées, dissimulées ici ou là dans une discrète arcature aveugle ou le long d’un pilier, il ne manquera pas d’apercevoir la mandorle offrant son christ en majesté entouré des symboles habituels. Même fugitivement mon regard saisira cela et, malgré les flonflons et les relents de graillon, cette ambiance à fuir, je continuerai mon chemin, heureux.

Représenté ou subjugué : 7 lettres dont E E N O T

Comments

[AlphaDuCentaure]

Voilà une note qui part dans un sens et finit dans un autre : la première partie ne me laissait pas présager une ôde à la façade de Notre Dame ! :-)
Un livre de pierre, c'est bien trouvé, car c'est vraiment ça !
Quant aux marchés de Noël, c'est sûr que par chez nous, ça ne veut pas dire grand chose...

[phil]

quand on est deux à utiliser parfois le même ordi, on se prend parfois les pieds dasn le tapis. Je revendique donc le comm signé chipotin.

[Syl]

Dia : greuh

[bonaventure]

j'en ai aussi fait un un peu différent, je suis une parisienne de province, j'ai vu ta photo du musée Bourdelle j'aime bien ce musée près de la fameuse gare....

[bonaventure]

et tu seras surpris de mes notes de cette semaine....