ouverture
J’ai rempli le coffre de ma voiture de tout un tas de cochonneries que j’emmène aussitôt à la déchèterie. Il fait beau. De ce beau temps particulier de septembre qui m’emplit de mélancolie. J’ai ouvert ma vitre. Je ne roule pas vite. Mon esprit vagabonde.
Et puis tout à coup je les vois : quelques fourgonnettes stationnées à l’entrée d’un chemin, près d’un champ de maïs tout jaune ; et des hommes avec leurs habits verdâtres et leurs fusils en bandoulière ; et des chiens qui s’agitent dangereusement. Les hommes sont prudents, on dirait : ils ont placé au bord de la route un panonceau rouge qui suggère à l’automobiliste de ralentir parce que danger, il y une CHASSE en cours. Je ne comprends pas. L’ouverture c’est demain dimanche (enfin, c'était l'autre dimanche), à ce que je sais.
Je continue mon chemin, et rencontre encore d’autres groupes d’hommes postés ainsi tout autour de cette grande pièce de maïs calciné. Je me demande bien ce qui va pouvoir en sortir, qui justifie ainsi ce déploiement de force. Quelques malheureux perdreaux ? Un sanglier peut-être.
Ils sont prudents disais-je : par-dessus leurs habits verdâtres, ils ont tous revêtus des sortes de gilets fluo, verts ou orange, du plus bel effet, qui rivalise d’éclat avec leurs trognes violacées.
Moi aussi je suis prudent : demain pour courir je retrouverai mon parcours d’hiver, en forêt, là où il y a du gibier, mais pas de chasseurs, parce que le territoire appartient à la ville.
Bleu alternatif : 9 lettres dont G R A P H E.