évocation
J’ouvre une à une les nombreuses boites de thé disposées sur le rebord de la fenêtre (accessoirement c’est aussi le lit du moment de notre chatte). Je hume leur contenu pendant que l’eau frémit dans la bouilloire. J’élimine les thés verts, j’élimine les fruités, j’élimine le lapsang souchong, c’est pourtant mon préféré, mais je sais qu’Elle préfère quelque chose de plus doux.
Dernière boite à ouvrir. Ce sera celle de mon choix : keemun. Evocation de pas d’amants arpentant les ruelles de Brantome, délaissant les restaurants où se pressent les occupants des nombreux cars pour voyages du troisième âge. Nos pas de nous amants, nous lovant à l’ombre des murs blancs pour siroter notre breuvage brûlant après avoir déjeuné d’un modeste gratin de pâtes. Nos pas d’amants dans ce bourg, augurant de pas délicieux dans les quartiers médiévaux de Périgueux, puis en de luxuriants jardins dont j’ai déjà parlé ici.
Evocation de tendresse et de fleurs blanches, celles des jardins d’Eyrignac, tandis que je verse le liquide brulant sur les petites feuilles noires, dans notre THEIERE japonaise. J’imagine la spirale de l’infusion se déposant au fond du récipient jusqu’à l’envahir en entier. Evocation encore, celle des moments où nous préparons le thé directement dans les tasses, ou alors dans un contenant transparent.
Je dispose des tasses sur la table, je pose la théière sur un rond de liège, je sors la boite de biscuits au gingembre. Elle me rejoint. Elle sourit. De connivence. Nous dégustons le keemun. Elle sait aussi nos pas d’amants dans les rues de Brantome.
Evocation.
Disparition temporaire : L I E E S + 2 jokers.