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caramels
19 juin 2005

mariage

J’étais venu avec ma grand-mère : nous étions les représentants élus de notre branche de la famille. Il pleuvait par intermittence, mariage pluvieux, mariage heureux, tu parles. C’était même le seul jour pluvieux de la semaine, je m’en souviens comme si c’était hier. Le mariage avait lieu dans le village de la mariée, c’est la coutume souvent. On a noué des morceaux de tissu blanc aux poignées des portières de ma 204. Il y a eu la mairie, il y a eu l’église. C’était un mariage.

Devant l’église il y a eu un regroupement. Pour les photos. Il y a eu du mouvement. Des plantes qu’on déplace. Une charmante demoiselle m’a mis dans les bras une brassée de fleurs blanches. Ainsi je participais. Du coup je l’ai aidée à porter encore des fleurs et des plantes. Qu’elle arrangeait de son mieux pour que ce soit joli sur les photos. Nous avons plaisanté. Un peu.

Les voitures se sont mises en convoi bruyant. Sous la pluie, en longeant un cours d’eau et des falaises, nous avons gagné un autre village où se trouvait le restaurant. En klaxonnant. Je n’aime pas ces manifestations de joie forcées. Mais je participais. Ma grand-mère se taisait.

Il y eut un temps mort, des préparatifs quelconques, pendant lesquels nous nous retrouvâmes dans un café, mon cousin Francis (le frère du marié) et moi, avec les autres jeunes hommes du mariage. Nous avons bu des bières et fumé des cigarettes. Certains ont joué au baby-foot.

Pour le repas j’étais assis à gauche de la demoiselle des fleurs. Elle n’était pas ma cavalière, comme on dit, elle était celle de mon cousin Francis. Mais nous avons beaucoup parlé quand même. Et dansé, peut-être, c’est un souvenir qui m’échappe, je ne suis pas danseur, en plus. Ou seulement les slows, alors. J’ai fait le malin, j’ai fait mon paon. Comme j’allais encore parfois en Alsace à cette époque, j’ai joué à l’alsacien, je ne sais pas parler le dialecte, mais je me suis donné une pointe d’accent, ça faisait exotique. Moi qui suis un taiseux, je parlais je parlais. Moi qui ne suis pas exubérant habituellement, je donnais de grandes claques dans le dos de Francis, je faisais le malin. La soirée s’est passée, comme ça.

Au matin quelqu’un a fait mine de s’apercevoir que les mariés avaient disparu. La tradition veut qu’on aille les réveiller avec le pot de chambre, c’est d’un goût, enfin vous connaissez ça. Il y a eu un conciliabule. Il a fallu décider de l’endroit où préparer la mixture du pot de chambre. Il a fallu décider de qui montait dans quelle voiture. Il a fallu que la jeunesse se mette en ordre de marche tandis que les parents et les anciens gagneraient leurs lits. Il y a eu ce conciliabule où se prirent des décisions futiles. Mais dans futile, il y a utile. Il y a eu que j’ai eu soudain un geste insensé. Un geste complètement spontané qui échappa à ma vigilance. Il faut dire qu’à cinq heures du matin la vigilance est bien peu de chose. J’ai eu ce geste, comment le qualifier, je ne sais pas, pas un geste de possession, ce n’est pas ça… mes deux mains, qui ne m’obéissaient pas, se sont posées sur les EPAULES de la demoiselle aux fleurs, comme si c’était leur place naturelle. Comment qualifier ce qui s’est passé. Bon je fais encore le malin en écrivant ça, je sais bien comment on appelle ça. Le courant était plus fort que celui des fils qui entourent les prés à vaches, je vous le garantis. Je sais une chose : à l’instant précis où mes mains ont effleuré les épaules de la jeune fille aux fleurs, j’ai compris qu’elle était Elle.

Mots, onze lettres qu’on O U B L I E R A

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Commentaires
P
le scrabbleur a tendance a l'oublier mal à propos
D
Trop tard!
P
..bien que je voie pas pourquoi on l'oublierait..
P
..un des thèmes du texte ?
N
Pardon, g po pu m'empêcher...
caramels
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