corvée de bois
Je vais bientôt recevoir mon bois pour l’hiver. Il faut être un tantinet masochiste pour se faire livrer du bois en juin. Car je gage qu’il fera chaud. Le camion reculera dans ma cour et déversera les trois CORDES en tas, à moi de me débrouiller ensuite. Nous remplirons des brouettes et des brouettes, que nous pousserons jusque dans la remise, où nous ferons de belles rangées bien alignées, que nous érigerons jusqu’aux poutres. Les gros morceaux, je devrai les fendre, j’appuierai chaque bûche en biais sur une autre, j’insérerai le coin d’acier dans une fente et j’abattrai la masse autant de fois qu’il faudra avant que le bois se sépare en deux parties, ce ne sera pas trop difficile si c’est du chêne bien droit, le hêtre ou le charme, c’est beaucoup plus dur, et les morceaux avec des nœuds, c’est ma hantise aussi. Je suerai à grosses gouttes, la transpiration me brûlera les yeux, mon vieux jean et mon vieux t-shirt seront trempés, et gris de poussière, d’ailleurs je serai couvert de poussière, des pieds à la tête, à force j’aurai du mal à voir dans mes lunettes, je ferai une pause pour boire de l’eau à la bouteille que j’aurai placée à l’ombre. J’aurai mal au dos je le sais, il faudra que je sois attentif, que j’arrête au bon moment, je continuerai plus tard. Les morceaux que j’aurai fendus, il faudra les ranger dans la remise eux aussi, et quand tout sera fini, il faudra balayer les copeaux et les morceaux d’écorce jonchant la cour, remplir de grands sacs poubelles qu’il faudra porter à la déchetterie. Tout ça est bien de la fatigue en perspective. Mais n’allez pas croire, une corvée peut être aussi source de plaisir : celui sensuel d’être complètement envahi par l’odeur acide du bois.
Hors de raison : E N C O R E + joker