soir calme
Je souris, je pense à l’heure calme du soir, lorsque je laisse les sensations gagner la partie.
La chaleur insupportable du jour s’est estompée. J’ai ouvert la porte de la cuisine, j’ai posé sur la table de jardin deux assiettes, deux verres, des couverts. J’ai apporté la salade que j’avais inventée. J’ai pris dans la cave une bouteille de « POULSARD »* que j’ai débouchée. Le rubis doucement a enchanté nos verres. J’ai admiré longuement ses reflets chatoyants avant d’oser y porter les lèvres. J’ai dégusté.
Nous nous sommes fait des confidences.
Nous avons déploré l’échec de notre fille à son examen, nous avons cru notre famille maudite, pourquoi cet acharnement, et puis la vague a reflué.
Tu es partie répondre au téléphone, coup de fil mystérieux, ça ne te regarde pas as-tu dit, encore une idée de génie qui se prépare pour mon anniversaire, je présume. Pendant ce temps j’ai humé le silence, juste troublé par le bruissement des tourterelles au nid. Et puis j’ai humé le parfum de la terre fraîchement arrosée autour de mes plants de tomates et dans les bacs à fleurs. Je me suis resservi un verre de vin, que j’ai savouré longuement, les yeux au ciel : sur le pourpre du crépuscule se lisait la trace rectiligne d’un avion en partance pour l’horizon.
*cépage et vin rouge du Jura. Le mot n’est pas connu des dicos. On peut l’écrire aussi « ploussard ».
ça se défend : T I R E N T +2 jokers