Loriol

7 juillet 2005

Cette nuit-là est restée gravée dans ma mémoire. Pas que je m’en rappelle dans le détail, non. Mais je m’en rappelle comme si c’était un grand moment.

J’étais arrivé là je ne sais comment, on m’y avait conduit, c’était sur le chemin de quelqu’un, je ne sais plus qui. J’avais marché sur le bord de la route, en levant le pouce, vers le pont qui enjambe le Rhône. En vain. La nuit approchait, alors j’étais revenu vers la ville et j’avais encore essayé le stop sur la nationale 7 en direction du sud. Encore une fois j’avais fait chou blanc. En fait il n’y avait pas tellement de circulation ce soir là bien qu’on fût en août.

A la nuit tombée, j’étais retourné sur l’autre route, j’avais encore essayé le stop, mais plus personne ne passait, j’étais donc entré dans une plantation de POIRIERS et je m’étais allongé à même la terre sèche, entre deux rangées d’arbres. Je n’avais pas de lampe, il était impossible de lire. Le nez dans les étoiles, j’avais manipulé des mots avec ravissement, comme on défait le papier qui entoure un bonbon, j’avais imaginé des lignes et des lignes, des mots qui ne se poseraient jamais sur le papier.

A un moment, il était déjà très tard, je suppose (il faisait si sombre que je ne voyais pas l’heure à mon poignet), je me suis rendu compte que je n’avais même pas mangé. En tâtonnant j’ai décroché un fruit de l’arbre le plus proche, j’ai mordu dedans, il n’était pas mur, son goût était encore âpre. Je l’ai mangé quand même. J’en ai cueilli un autre, une poire pour la soif comme on dit, au cas où.

Puis j’ai fait le silence en moi. Je devais être assez loin du fleuve. Et pourtant il m’a semblé entendre le grondement tumultueux du courant parmi les stridulations d’insectes. Bientôt je me suis assoupi.

Quand c'est d'or : 7 lettres dont O M I S

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