préparez vos mouchoirs
A D.( et à Dia)
Nous ne pouvions pas te laisser crier toute la nuit, quand même.
A cette époque la maison n’était pas encore rénovée, alors l’habitation était petite. Ton petit lit était dans la même chambre que celui de ta sœur. Elle allait sur ses trois ans.
C’était l’hiver, il faisait froid, il avait neigé le lendemain de ta naissance.
Nous nous blottissions l’un contre l’autre, Elle et moi, dans notre lit trop étroit. Parfois nous fermions les yeux. Dormions nous ? Et puis nous t’entendions. Tes pleurs sauvages. Que se passait-il ? Le médecin était formel : tu n’avais rien.
Tu criais, tu criais, tu dormais entre deux séries de cris. Nous, nous ne dormions pas. Les intervalles étaient trop brefs.
Tu criais. Si bien que nous t’installions, la nuit, près de nous dans la NACELLE de ton landau. Tu criais et tant bien que mal nous tentions de te calmer.
Nous étions si fatigués. Et tu criais.
Un jour, une nuit plutôt, le landau était posé de mon côté, mon bras pendait vers toi, prêt à te rassurer. M’étais-je endormi ? je ne sais. Il faisait froid, je me souviens. Je crois que je m’étais enrhumé quelque peu. J’avais un mouchoir à la main. La gauche, celle qui gisait près de toi.
Quand me suis-je aperçu que tu t’étais emparée de mon mouchoir, que tu tétais ? je n’en sais rien. Je crois que j’ai dormi, finalement.
Après ça il y a eu des quantités de mouchoirs dégoulinants de ta salive d’enfant.
Et tu n’as plus pleuré la nuit.
Augmentant généralement le matin : 9 lettres dont T R A N S I S